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Bienvenue sur transmediterranee.over-blog.com C'est un espace de communication inter-culturel et inter-spirituel dans l'optique d'ouvrir le champ de vision mental et spirituel sur toutes les différences, en particulier de part et d'autre des deux rives de la Méditerranée. Que notre "mare nostrum" nous rapproche dans l'extraordinaire diversité de la grande famille humaine.

RENCONTRE AVEC LE 17e KARMAPA

RENCONTRE AVEC LE 17eKARMAPA

Vendredi 21 septembre 2019

C’est par une journée splendide de l’été indien que des adeptes venus de tous les coins du monde se retrouvent au centre bouddhiste Dagpo Kagyu Ling, au Moustier, en Dordogne, pour y rencontrer Sa Sainteté Thayé Dorjé le 17egyalwa Karmapa. Impossible de reconnaître l’endroit visité trente ans auparavant, avec quelques bâtiments d’ancienne ferme, un petit temple et quelques bouddhistes. Tout paraît immense, les bâtiments flambants neufs, le grand temple, le chapiteau blanc où ont lieu les rencontres et les enseignements. La colline est couverte de petites tentes multicolores, comme les drapeaux qui flottent sous la brise tiède. L’atmosphère de ce lieu semble presque irréelle. 

La foule est dense, assise à même le sol, et la chaleur intense, quand le Karmapa apparaît solennellement, en une lente procession rituelle dans l’allée centrale. Son aura est subtilement perceptible dans l’atmosphère de la salle qui relâche un peu, pour l’occasion, bavardages et maniement de téléphones portables. Les chants sacrés emplissent l’air, repris à l’unisson par la foule, avec la douceur des sons d’une langue sacrée venue d’ailleurs.

Du thème prévu pour la rencontre, la prise de refuge et la boddhi chitta, il en sera finalement peu question, mais le Karmapa insiste sur l’humilité et la patience. Dans compassion il y a patience. Le bouddhisme n’est pas dans les concepts, ce qui compte c’est la pratique, l’expérience. Et ne pas trop s’attacher aux routines, aux rituels : la routine est source de confusion. Il compare la pratique à un bateau qu’on apprête pour prendre la mer. Tout doit être parfaitement préparé en attendant que le vent de la libération arrive. Cette préparation peut durer très longtemps. Il ne faut pas avoir peur d’attendre. Attendre fait partie de la compassion. Les circonstances du départ sont imprévisibles.

Lorsqu’il était en Occident, il a rencontré d’autres traditions et il a pu constater des similitudes, des points de convergence. « Toutes les voies se rencontrent au sommet de la montagne, quel que soit le sentier emprunté pour la gravir », disent les Soufis. Ceci me remet en mémoire la rencontre au sommet entre le 16Karmapa et Catherine Delorme, Hajja Mahdia, maître soufi dans la tariqa Tidjaniyya. Lors d’un grand rassemblement comme celui-ci, le Karmapa avait remarqué une vieille femme dans la foule, accompagnée de son fils et avait demandé à la voir en privé. Il y eut alors, entre ces deux Sages, un long face à face muet d’une heure, de cœur à cœur, une étonnante muqâbala, comme on dit en arabe, ne nécessitant l’aide d’aucun interprète.  

Le maître, c’est la dimension humaine de l’enseignement, il incarne les vertus à acquérir, c’est une source d’inspiration. Il est indispensable de trouver un maître et de passer du temps avec lui, ce qui peut se faire de différentes manières, pas toujours en présence physiquement. Le maître nous fait voir que l’éveil est possible ; on doit absorber ses qualités. C’est un point qu’on trouve dans bien d’autres traditions. 

Le Karmapa prodigue inlassablement son enseignement à la foule accablée par la chaleur, tandis que le traducteur peine à suivre l’enthousiasme du maître. L’exemple de Milarepa, le moine qui riait de tout, vient appuyer ses recommanda-tions. « Trop sérieux n’est pas très sérieux » disait le Sage africain Amadou Hampaté Bâ.

La rencontre se termine, comme elle a commencé, par des chants qui sont, nous dit-il, « des paroles parfaites, libres de toute émotion négative ». C.M.

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