Les Causeries de Mayotte

LES CAUSERIES DE MAYOTTE

Le 9 janvier 2023

Nous lisons l’« Album Apollinaire » une iconographie commentée du poète (éd. La Pléiade).

En 1911 un vol de la Joconde est commis. Apollinaire est arrêté car il héberge Géry Piéret, peintre, retoucheur au Louvre, qui a volé des statuettes hispano-romaines qu’il a vendues à Picasso.

Les deux amis veulent restituer les objets, mais, suite à une enquête, Apollinaire est arrêté pour complicité et incarcéré à la Santé. Le monde littéraire s’émeut et une pétition circule pour le défendre.

Mayotte : « ils devaient être fiers de cet exploit (le vol des statuettes) »

Elle se souvient que S. âgée de dix ans allait visiter Notre-Dame avec un groupe ; en passant devant un vendeur de médailles, elle a pris une médaille et l’a mise dans sa poche. « Peut-être l’a-t-elle rendue ou pas, je ne me rappelle pas » dit-elle. « Je connais aussi une histoire où était impliquée Barbara Cassin et son père : ils s’étaient exercé à voler dans les magasins. C’est de très mauvais goût de raconter ces choses-là, mais c’est amusant »

Apollinaire est libéré le 11 septembre grâce à ses avocats. « Voilà quelqu’un de libéré à bon droit ! » Il y a non-lieu, mais Apollinaire est très affecté et aussi par la fin de sa relation avec Marie Laurencin. Il écrit « Le pont Mirabeau » ce poème de fin d’amour.

Mayotte : « Quelques jours avant que j’enregistre ce poème sur mon ordinateur, je suis allée voir Paul Celan, un soir, avec mon mari, peu de temps avant son suicide (de Celan); or il habitait tout près du pont Mirabeau, j’ai cité quelques vers, dans la conversation, mais il a manifesté qu’il avait fait le rapport avec lui, avec l’eau qui l’attirait ; il habitait la rue qui mène au pont. »

« Quand je passe sur le pont, je me rappelle toujours ces vers d’Apollinaire... »

Apollinaire rompt avec Marie Laurencin en juin 1912. Il lui écrit le très beau poème Marie :

« Vous y dansiez petite fille

Y danserez-vous mère grand... »

Mayotte : « Il a de grandes passions, surtout des femmes, et aussi des passions artistiques pour le cubisme, le futurisme, Robert et Sonia Delaunay... Il s’intéresse surtout à des artistes pour les réhabiliter, il s’émeut à la moindre injustice, il y a peu de poètes qui se sont engagés comme cela. »

En 1914 il invente les calligrammes qu’il appelle « idéogrammes lyriques »

Fin juillet 1914, c’est la mobilisation. En tant qu’étranger (Wilhelm de Kostrowitzky) il n’est pas mobilisable, mais il s’engage en tant qu’homme de lettres et il demande sa naturalisation.

Le 17 mars 1915, à 4h de l’après-midi, il est atteint par un éclat d’obus qui a transpercé son casque tandis qu’il lisait le dernier numéro du Mercure de France. Hospitalisé et opéré, il poursuit ses activités littéraires. « Il a encore la force de reprendre ses activités !!! »